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Le blog de Docteur Parissa Zandi - Médecin Vasculaire / attaché à l'hôpital Européen Georges Pompidou de Paris - FRANCE

Médecine Vasculaire des villes / Médecine Vasculaire des champs / Médecine vasculaire de pointe.

15 Janvier 2008, 01:23am

Publié par Docteur Parissa Zandi

Une réflexion par rapport à l’évolution géographique des patients Vasculaire à Paris et en Région Parisienne.
 
Avec les actions en Prévention des Maladies Cardio Vasculaires, la population française augmente en longévité, en qualité de vie.
De mon échelle de fourmis en observation - un constat est sidérant :
Les patients vasculaires parisiens intra muros diffèrent profondément des patients de proche et de plus lointaine couronne parisienne.
 
A Paris intra muros – de mon expérience personnelle sur une majorité de mes patients provenant de la moitié ouest de Paris :
Ma démarche actuelle en tant que Médecin Vasculaire est axée principalement sur la prévention et le dépistage. Les patients sont sensibilisés, s'informent et sont demandeurs. Leurs médecins traitants sont également sensibilisés. Il y a donc une synergie pour l’évaluation des facteurs de risques cardio vasculaires des patients – avec des actes de dépistages et des traitements préventifs à bon escient.
 
Dès qu’on s’éloigne de Paris – très rapidement les données ne sont plus les mêmes : 
les patients semblent la plupart du temps moins sensibilisés – moins informés tout court. Ils posent moins de questions précises sur les examens prescrits, les traitements prescrits, leur maladie. Le plus souvent des explications sur le pourquoi du comment n’est pas une demande spontanée de leur part. Ce qui donne l’impression au médecin que les demandes principales de leurs patients consistent aux faites:
- qu'ils soient pris en consultation dans le délai le plus bref possible,
- que leur « mal » soit pris en compte à partir du moment qu’ils l’expriment,
- d’être rassuré sur la gravité de leurs symptômes,
- d’être rassuré de l’existence d’un traitement,
- et s’il y a une nécessité de prise en charge hospitalière - de préférence à proximité de leur domicile - dans le même département.

Et plus on s’éloigne de Paris – plus on assiste à des personnes qui - très souvent - ne sont plus du tout au stade de prévention mais avec des maladies à un stade bien évoluées avant même qu’ils ne consultent. C’est ainsi que les troubles trophiques cutanées (dermites ocre, les ulcères de jambes ….), les varices saillantes non soignées, les diabètes évolués, des dyslipidémies non traitées, des artérites des membres inférieurs bien avancées, des plaques carotidiennes bien évoluées .... me semblent bien plus fréquentes en banlieue parisienne que dans Paris intra muros.
 
Par ailleurs la vie dans Paris intra muros est si différente de la vie des banlieux.
Contrairement à ce que l’on aurait tendance à imaginer, les parisiens marchent beaucoup. La marche  quotidienne fait partie intégrante de traitement à la fois préventive, curative - recommandée pour tout un chacun en particulier pour les patients atteints de maladies cardio vasculaires. Le fait de prendre l'habitude de marcher change toute une conception de vie:
D’abord parce que Paris est une ville qui donne plaisir à marcher. Le terrain est plutôt plat sauf quelques butes dans les quartiers nords de Paris - plus difficles à pratiquer pour les patients cardio vasculaires.
La plupart des parisiens d’ailleurs 
soit n’ont pas de voiture 
soit l’utilisent le moins souvent possible et préfèrent les moyens de transport en commun plus rapides et sans soucis de stationnement. 
A Paris on est bien obligé de marcher un minimum – pour aller chercher sa baguette de pain, pour aller faire son marché muni d'un caddie, pour faire du lèche vitrine de vitrine en vitrine d'un quartier à un autre, pour se déplacer à la poste, pour se déplacer dans les administrations ….. et pour pallier aux grèves des moyens de transport.
C'est peut être une des raisons pour lesquelles il y a tant de cafés et de bistrots à Paris: après la marche - c'est si bon de se poser quelques instants pour se ré hydrater tout en appréciant d'observer le bouillonnement de la vie parisienne à chaque coin de rue.

centre commercial
escalator-2.jpgEn banlieue, en particulier dans les banlieux type villes nouvelles – les conceptions d’urbanismes ont été faite de façon à offrir un maximum de "confort" aux habitants. Ce sont les concentrations de centres commerciales à distance des zones pavillonaires ou des lotissements où on trouve tout sur place. De ce fait, les gens n'ont plus besoin de marcher quotidiennent puisque les courses se font le plus souvent pour la semaine en voiture au centre commercial - pour remplir des frigidaires et des freezers à l'americaines. Et on trouve TOUT sur place et concentré sur un périmètre restreint : le parking, les médecins, les pharmacies, les vétérinaires, la poste, les administrations,  les hypermarchés, les magasins, les cinemas, le théatre de la ville, les salles de sports .... tout tout tout tout.

D'ailleurs, les habitants de banlieux ont souvent plusieurs voitures par foyer, parfois un pour chaque parent et ensuite pour chaque enfant à l’âge de conduire. 

J’ai également le sentiments que les banlieusards en particuliers ceux habitants les villes nouvelles sont très souvent dans une dynamique de tout - tout de suite - bien plus qu'à Paris. Effectivement le plus souvent l’organisation est faite de façon à les satisfaire dans une certaine mesure. De plus comme ils se déplacent en voiture - ils veulent qu'en un déplacement tout soit réglé pourqu'ils n'aient pas de déplacement à  faire en plusieurs "voyages".

Les enfants des banlieux villes nouvelles dont les parents ont la possibilité de leur offrir une voiture en bénéficient même s’ils se trouvent logés pour leurs études sur Paris – gardant ainsi leurs habitudes de déplacement de banlieue et bien souvent leurs habitudes d’alimentation de fast food pratique.
Car les centres commerciaux de banlieux sont tous sièges de fast foods dont on connaît les vertus nutritives  avec possibilité de système "drive": on avance en voiture, on commande son fast food devant un mico, on passe toujours au volant de sa voiture à la caisse, et quelques mètres plus loin sans aucune nécessité de sortir de la voiture - la commande est livrée par la fenêtre. Ce qui donne des habitudes alimentaires oh combien néfastes aux enfants qui deviendront adolescents puis adultes puis parents eux même.
Paris ne manque pas de fast food mais la semaine - les parisiens ont plus tendance à s'assoir à la terrasse d'un bistrot pour regarder les passants, la rue  - se reposer - et me semblent plus attentifs à la qualité de se qui se trouve dans leur assiette qu'en banlieue .... une autre conception et possibilité du repas ou d'une pause.

Ces disparités de conception de vie font que très souvent les cliniques privées de banlieue sont débordées en particuliers concernant les urgences : les patients veulent tout tout de suite – ne consultent pas leur médecin traitant mais consultent souvent les urgences à mauvais escient – parce qu’ils n’ont pas la patience d’attendre le RDV proposé par leur médecin traitant ou bien ils n’ont pas de médecin traitant.

En outres, les personnes atteintes de pathologies cardio vasculaires "lourdes" sont de plus en plus en banlieue qu’à Paris même !

maison-dieu.jpgLes Centres Hospitalo Universitaires de Paris se voient ainsi démunies graduellment de patients "adaptés" à des infra structures initialement prévues pour des pathologies les plus lourdes, les plus compliquées – parce que les gens sont moins malades à Paris / moins gravement malades / nécessitant davantage des consultations pour avis spécialisé ou un bilan en hôpital de jour ou hôpital de semaine ….



Alors – il serait peut être utile d’imaginer une coordination plus structurée et basée sur des logiques élémentaires de bon sens entre les équipes soignantes.

Non pas que les médecins des champs et les médecins de villes soigneraient moins bien leurs patients que les médecins de pointe ou vis et versa – 
mais 
bien pour une raison essentielle : 
SANS une coopération, une coordination et une communication en confiance des médecins des champs / des médecins des villes et des médecins de pointes (citation dans le désordre) pour organiser entre eux le parcours du patient vasculaire et son suivi – les premiers à en pâtir – à mon sens - ce seront les médecins des champs, puis les médecins des villes, puis les médecins de pointes ! 

Je vous invite à réfléchir au pourquoi du comment!
 

point-d-interrogation-2.jpg